25% du gaz européen provient de la Russie. Depuis la crise diplomatique entre la Russie et l’Ukraine en janvier 2006, l’UE a (enfin) pris conscience de la nécessité de diversifier ses sources d’approvisionnement. Une nécessité confirmée en janvier 2009 par la deuxième « guerre du gaz » entre la Russie et l’Ukraine qui a fortement pénalisé les livraisons européennes.
En novembre 2008, la Commission européenne pose ainsi les bases d’un « corridor sud » pour le gaz, autrement dit, un réseau de gazoducs relié à la mer Caspienne, permettant aux Etats membres de moins dépendre de la Russie. Soutenue par les Etats-Unis, la guerre des « TROIS » (Moscou vs Bruxelles et Washington) peut donc commencer …
Cette bataille entre le gazoduc Nabucco (Europe) et le projet South Stream (Gazprom (Russie et Italie)) a débuté officiellement le 13 juillet 2009. Trois enjeux, loin de l’intérêt des consommateurs se font face :
- Le contrôle de l'approvisionnement gazier de l'Europe par la Russie
- L’hypothétique indépendance énergétique de l’Europe face à la Russie
- L'entrée dans l'Europe de la Turquie (La Turquie espère en effet utiliser son droit de passage pour négocier son entrée dans l'Europe).
Le 13 juillet 2009, Nabucco fait donc son apparition par la signature d'un accord intergouvernemental entre la Roumanie, la Bulgarie, Hongrie, l'Autriche, et la Turquie. Le gazoduc Nabucco devrait acheminer 31 milliards de m3 de gaz naturel par an, de la mer Caspienne vers l'Europe occidentale d’ici à 2014. Cette quantité de gaz importée produira 68,2 milliards de kilos de CO2 par an. L’objectif majeur de Nabucco est le suivant : l'Europe ne doit plus dépendre de la Russie pour son énergie.
Néanmoins, la question du financement des 8 milliards d’Euros du projet et celle de l'approvisionnement du gazoduc n'ont pas été définitivement tranchées. D’autant plus que des doutes persistent sur la capacité de réunir les fonds nécessaires compte tenu de la crise économique. Ajoutons à cela, les nombreuses difficultés des Européens à obtenir des engagements fermes de la part de pays clés, tels que le Turkménistan, l'Ouzbékistan et le Kazakhstan (qui craignent les pressions russes) afin d’obtenir un approvisionnement en Gaz.
De l’autre, South Stream est un projet de gazoduc paneuropéen né en 2009. Il devrait relier la Russie à l'Italie. Le projet permettrait à Gazprom de contrôler les gisements gaziers de la mer Caspienne et du Kazakhstan. Un troisième projet a vu le jour : le Nord Stream. Ce dernier est un projet de gazoduc reliant la Russie à Allemagne via la mer Baltique et il permet d'éviter l'Ukraine. L'accord a été signé en 2009 entre le Président Dimitry Medvedev et la Chancelière allemande Angela Merkel. Il est le seul qui est actuellement dans une phase concrète de construction.
En somme, il est indéniable que la réalisation des deux projets de gazoduc demeure incertaine pour des raisons d’approvisionnement ou de coût. A l’horizon 2013-2015, l’amélioration de l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables dans les pays d’Europe de l’Est pourraient constituer une alternative sérieuse au desserrement de la contrainte russe. A méditer …