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Laballe & Défense

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Bienvenue sur Laballe & Défense, un site consacré aux Politiques de Défense ! Ce blog a été créé par Merry-Lène LABALLE, Historienne en Histoire Militaire, Études de Défense et Politiques de Sécurité Diplômée de l'Université Paul Valéry de Montpellier.

Budget de la Défense : Des progrès encore insuffisants

Publié par Merry-Lène LABALLE sur 16 Novembre 2016, 19:10pm

Catégories : #Défense nationale

L'Assemblée nationale a approuvé, jeudi dernier, le projet de budget de la Défense pour 2017, en légère augmentation à 32,7 milliards d'euros (soit une hausse de 600 millions d'euros par rapport à la loi de finances initiale pour 2016).

Cependant, ce budget n’est pas encore totalement à la hauteur des défis qui attendent nos armées et des enjeux géopolitiques qui se profilent. Je m’en expliquerai plus tard.

Pour rappel, la France s’est engagée à porter son budget militaire à 2% de son PIB en 2024 (contre 1,78% actuellement). L’objectif étant de « boucher les trous capacitaires » et de financer le renouvellement de la dissuasion nucléaire.

 

Voici les priorités exprimées par les états-majors des trois armées ainsi que par la Direction Générale de l’Armement :

 

- L’état-major de l’armée de Terre (EMAT) :

A rappelé la nécessité d’accélérer le programme SCORPION, afin d’équiper 3 brigades interarmes en 2025 au lieu d’une avec de nouveaux véhicules et « compléter les cibles de VBMR légers [Véhicule blindés multirôles]. Cette accélération, qui est possible selon Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres (GICAT), offrirait un triple gain financier ».

L’armée de Terre souhaite également « consolider » les programmes de véhicules légers de transport de personnes, de porteur polyvalent terrestre et de poids lourd, porter le financement annuel à hauteur de 300 millions d’euros des équipements dits de cohérence ; compléter ses capacités C4ISR (Computerized Command, Control, Communications – Intelligence, Surveillance, Reconnaissance) avec des radars 3D, des drones tactiques et des stations de communication mobiles par satellite supplémentaires ; renforcer les capacités d’interventions avec l’acquisition de chars Leclerc rénovés supplémentaires et de 32 CAESAR ainsi que le renouvellement des engins blindés du génie.

Enfin, elle insiste sur l’augmentation des crédits alloués à l’entretien programmé des hélicoptères ainsi que la poursuite de la transformation des capacités d’aérocombat, avec, en particulier, la mise à la disposition de ses forces spéciales d’hélicoptères Caïman adaptés.

 

- La Marine nationale :

Revendiquerait plus de frégates dites de « premier rang ». Elle en dispose 17 actuellement qui « suffisent à peine », a indiqué l’amiral Christophe Prazuck, son chef d’état-major.

La Marine souhaite surtout la modernisation de ses avions de patrouille maritime Atlantique 2, le renouvellement des sous-marins nucléaires d’attaques (SNA) et des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), ainsi que les programmes des frégates multimissions (FREMM) soient assurés. En outre, elle aimerait également engager des travaux sur le successeur du porte-avions Charles de Gaulle.

L’état-major de la Marine rappelle que le renforcement de la « flotte de souveraineté » est urgent, d’autant plus que le risque de rupture temporaire de capacité est réel si le programme BATSIMAR, qui prévoit le renouvellement des patrouilleurs, n’est pas lancé dans les temps.

D’autres revendications importantes ont été portées comme le remplacement des hélicoptères de la Marine (laquelle met encore en œuvre des Alouette III datant des années 1960 !).

 

- L’armée de l’Air :

Les aviateurs mettent l’accent sur la « recapitalisation organique » de l’armée de l’Air, laquelle doit prendre des mesures parfois complexes pour « assurer ses missions avec des moyens limités.» Ce qui nécessitera des moyens financiers relativement importants.

En effet, il s’agit de renouveler les avions de ravitaillement en vol ainsi que les moyens ISR, pour lesquels, a souligné le général Lanata, « nous dépendons des Américains ». Autrement dit, il faudra plus d’avions de combat, voire de transport.

Le CEMAA a aussi insisté sur le renouvellement de la composante aéroportée de la dissuasion nucléaire (les modalités devront être arrêtées vers 2020).

 

- La DGA (Direction Générale de l’Armement)

Souhaiterait porter de 730 millions à 1 milliard d’euros par an les crédits alloués aux études amont. Ses axes de recherche prioritaires sont les suivants : la furtivité des avions, les moyens de détection et de guerre électronique, les radars des avions de mission, l’acoustique sous-marine et les matériaux innovants pour les blindages.

 

Comme je l’ai à plusieurs reprises souligné, la baisse des budgets a été une erreur stratégique non-négligeable pour la France. Ces politiques successives de réductions des effectifs ont incontestablement mis en péril la cohérence de notre politique étrangère et de défense.

Cette hausse du budget de la Défense nationale est, certes, une bonne nouvelle pour nos armées. Néanmoins, il est évident que l’absence de réflexion stratégique et de solutions innovantes font cruellement défaut à la France.

En effet, nous ne devons plus nous contenter de simple rattrapage des manques ou de poursuite des programmes. La France doit impérativement repenser sa stratégie militaire dans sa globalité et en profondeur. Elle doit penser artillerie, missiles, drones, puissance de feu, autonomie longue portée.

La France devrait idéalement viser un effort de défense entre 2,5 et 3% pour affirmer véritablement son indépendance stratégique. Mais aussi, pour être capable de financer ses propres programmes d’équipements, plus particulièrement, dans le domaine de l’armement conventionnel (chars, blindés, nucléaire, hélicoptères). Alors, encore un effort !

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